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Dans ce cas, c’est à l’Etat d’agir

Roman Seiler

Roman Seiler, journaliste économique

15. février 2024

Malgré la mise en garde de l’Organisation mondiale de la santé contre la «pandémie silencieuse», à savoir le fait que des centaines de milliers de personnes meurent parce qu’elles sont devenues résistantes aux antibiotiques, les grandes entreprises pharmaceutiques investissent très peu dans le développement de nouveaux antibiotiques. Elles estiment que ce marché n’est pas suffisamment rentable.

Celles qui sont cotées en Bourse se concentrent principalement sur le développement de nouveaux médicaments, notamment sur les médicaments contre le cancer, qui permettent de réaliser des bénéfices élevés. Lorsque les brevets des médicaments expirent, les prix chutent massivement, entraînant avec eux les marges de profit. En règle générale, les fabricants cessent alors de commercialiser ces préparations, ce qui fait que de plus en plus de médicaments sont indisponibles de manière temporaire ou permanente, en raison de la pression sur les prix.

Il ne s’agit pas d’un dysfonctionnement du marché, mais de la conséquence de l’optimisation ciblée du profit par des entreprises comme Novartis ou Roche. A l’évidence, les instances politiques ont échoué. Elles auraient dû lancer depuis longtemps des initiatives étatiques pour lutter contre les pénuries de médicaments essentiels bon marché, qui sont toujours plus fréquentes.

«Ce n’est pas un dysfonctionnement du marché, mais la conséquence d’une optimisation ciblée du profit.»

Roman Seiler

Il existe certes un Fonds national suisse qui mène des recherches fondamentales sur de nouvelles approches visant à lutter contre les bactéries résistantes aux antibiotiques, mais cela ne suffit pas. Devant l’incapacité du marché à s’autoréguler, l’Etat devrait établir des partenariats avec des producteurs suisses ou européens qui fabriquent les médicaments ou les matières premières qui connaissent des pénuries récurrentes, et parfois permanentes.

En outre, il convient de repenser la structure des prix des médicaments, qui est réglementée par l’Etat. Le fait que des médicaments déjà bon marché coûtent encore moins cher n’est guère utile aux payeuses et payeurs de primes. En revanche, il serait possible d’économiser sur des médicaments qui sont souvent trop chers, notamment sur les nouvelles thérapies qui ne remplissent pas toujours leurs promesses. Par ailleurs, il convient de confier davantage de compétences à la Confédération dans le domaine de la santé, notamment en ce qui concerne l’acquisition de produits thérapeutiques. Aujourd’hui, la Confédération ne peut constituer des réserves d’urgence que pour un nombre limité de médicaments ou de vaccins essentiels.

Jusqu’ici, elle s’est surtout employée à commander des rapports alors que la situation de l’approvisionnement en médicaments est de plus en plus préoccupante. Faute de mesures concrètes, d’autres «pandémies silencieuses» risquent de se produire.

Roman Seiler

Roman Seiler est journaliste économique retraité. Depuis 1995, il publie régulièrement des articles et commentaires au sujet du système de santé. Il a notamment écrit pour le journal «cash», le groupe Blick et CH Media.

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