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L’assurance de base coûte toujours plus cher: changement de cap!

Le budget des ménages est limité, celui de l’Etat aussi. Pour éviter que notre système de santé ne croule sous les dépenses, nous devons renverser la vapeur.

Philomena Colatrella, directrice et présidente de la direction générale de la CSS

23. mai 2018

Depuis l’introduction de la loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal) en 1996, les coûts ont plus que doublé dans l’assurance de base. Pourquoi?
Le marché de la santé est un marché de croissance et de commodité. Il faut malheureusement reconnaître que peu d’acteurs ont un intérêt pour la maîtrise des coûts. Une chose est claire toutefois: le budget des ménages, comme celui de l’Etat, n’est pas illimité. C’est pourquoi il est temps de marquer une pause et de s’interroger sur le but de l’assurance de base sociale (AOS). Quel doit être notre but: laisser couler le navire vers des dépenses abyssales ou lui faire prendre un nouveau cap?

Comment freiner les coûts?

Qu’est-ce que cela implique précisément?
Les acteurs du système de santé, et surtout les politiques, se perdent souvent dans des débats idéologiques au lieu de s’attaquer concrètement aux problèmes de l’assurance de base sociale. Pas très commode, en effet. Le vent tourne peu à peu, et les idées pour stabiliser les coûts deviennent plus concrètes et radicales. Pour la révision du TARMED, le Conseil fédéral annonce clairement la couleur. Elle doit générer des économies. Au sein du Parlement aussi, on se demande s’il faut rattacher les coûts à certains facteurs tels que l’évolution des salaires. Ce sont en effet des mesures d’urgence importantes, dont il convient de discuter ouvertement dans chaque cas et qu’il convient de mettre en œuvre avec détermination dans le cas du TARMED. Toutefois, les problèmes ne sont pas traités à la source.

Que propose la CSS?
La CSS veut des soins médicaux de qualité abordables pour tous. Pour garantir durablement cet objectif, un changement de cap est nécessaire. Il faut établir clairement ce que la communauté solidaire doit financer via l’assurance de base. Souvenez-vous: l’AOS est une assurance sociale qui couvre les frais de guérison à la suite d’une maladie. Le catalogue des prestations à la charge de l’AOS doit être mis en œuvre avec détermination selon les critères EAE décrits dans la LAMal. Une importance plus grande doit notamment être accordée au principe du caractère économique. Pour diminuer les soins excessifs et inadéquats, améliorer la qualité et réduire les dépenses. Notre assurance solidaire ne doit pas servir à financer le supermarché et son offre pléthorique. Pour une bonne qualité, un magasin de quartier suffit amplement. Il serait bon que les responsables politiques nous apportent plus de soutien à ce niveau.

Philomena Colatrella

est juriste. Elle a rejoint les rangs de la CSS en 1999 et occupe le poste de présidente de la direction générale du Groupe depuis 2016. En 2021, elle a été désignée «femme leader de l’année» par la Handelszeitung.

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