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La qualité prime le tarif

Roman Seiler, journaliste économique

26. octobre 2021

Les disputes des uns font le bonheur des autres. La recherche d’un nouveau système tarifaire pour la rémunération des prestations ambulatoires offre un triste spectacle.

D’un côté, les associations de caisses-maladie, toujours en contradiction, et de l’autre, les associations de médecins et d’hôpitaux, tout autant en désaccord. Ces derniers défendent au moins un objectif commun: ils aimeraient plutôt gagner plus grâce au nouveau système.

Dans ce contexte confus, il n’est pas vraiment judicieux d’élever les forfaits
au rang de remède à tous les maux. En effet, seules les prestations toujours identiques, telles que des interventions chirurgicales ayant lieu sans séjour hospitalier, peuvent être forfaitisées. Selon la source considérée, pareils forfaits couvrent entre 15 % et 50 % de toutes les prestations fournies en ambulatoire. Un tiers maximum du volume total de quelque 12 milliards de francs semble plus réaliste.

Pour représenter le bloc entier de prestations ambulatoires, il faut donc un système de tarifs à la prestation complété par des forfaits. Ce système doit être conçu de sorte qu’au moins son introduction n’ait aucune incidence sur les coûts. La conciliation de tous ces éléments représente un défi. Il serait probablement trop demander d’exiger des résultats rapides. Cela même si toutes les associations impliquées ont signé une déclaration d’intention relative à leur collaboration, comme l’a exigé le «troisième larron», le régulateur, à savoir le ministre de la Santé Alain Berset.

«Tant le tarif que les fournisseurs de prestations doivent faire preuve de transparence.»

Roman Seiler

Dans cette foire d’empoigne autour du nouveau système tarifaire, il ne faut pas oublier ce qui compte vraiment pour les patients, et pour les payeurs de primes en fin de compte: la qualité des prestations fournies. Et c’est là où le bât blesse. Il arrive encore que de mauvais diagnostics entraînent des traitements inutiles, voire inappropriés, ce qui prolonge la souffrance des patients et augmente les coûts.

Par conséquent, tant le tarif que les fournisseurs de prestations doivent faire preuve de transparence. Transparence sur les coûts de la prestation et sur la manière dont elle est fournie. Cette clarification devrait avoir des conséquences: les professionnels dont le travail est antiéconomique, voire de mauvaise qualité, ne devraient plus être autorisés à fournir des prestations à la charge de l’assurance de base. Ce sujet est sensible aussi pour le «troisième larron», le régulateur. Il est même tabou.

Roman Seiler

Roman Seiler est journaliste économique retraité. Depuis 1995, il publie régulièrement des articles et commentaires au sujet du système de santé. Il a notamment écrit pour le journal «cash», le groupe Blick et CH Media.

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