«La transition ne va pas de soi»

Aidés par les progrès de la médecine, les traitements ambulatoires se sont imposés dans le monde entier comme l’un des piliers de la médecine moderne. Fondée il y a dix ans en tant que première clinique de cardiologie ambulatoire de Suisse, la Cardiance Clinic de Pfäffikon (SZ) est la preuve que les traitements ambulatoires peuvent soigner efficacement les maladies cardiovasculaires.
Le passage des traitements hospitaliers aux traitements ambulatoires ne va pas de soi. Il pose d’importants défis aux fournisseurs de prestations. En plus d’adaptations techniques, le transfert vers l’ambulatoire suppose une réorganisation complète des processus et des responsabilités à l’interne. L’intégration dans les réseaux de soins existants est indispensable afin de garantir une transition sans heurts entre les traitements préventifs et les traitements de suivi et de réagir rapidement en cas d’urgence. Une communication étroite avec l’environnement ambulatoire est particulièrement importante à cet égard, car elle permet d’assurer la continuité des soins.
Prêt au décollage?
Au-delà des réformes financières, le transfert vers l’ambulatoire nécessite une véritable force de propulsion et des idées porteuses.

Un suivi plus personnalisé à moindres coûts
Les soins ambulatoires profitent en premier lieu aux patientes et patients. Outre un séjour plus court, l’environnement ambulatoire mise davantage sur une prise en charge individuelle, réduisant nettement le stress et les contraintes. Les patientes et patients n’ont pas besoin d’être transférés d’un service à l’autre, ce qui permet de consacrer plus de temps à l’information personnelle, au conseil et au suivi détaillé. Enfin, les traitements ambulatoires réduisent le risque d’infection, et même le risque de complications, car ils ont lieu dans un environnement spécialement conçu pour les processus ambulatoires. Le retour immédiat à la vie quotidienne favorise non seulement le rétablissement psychique, mais aussi la rééducation physique. Les activités professionnelles et familiales peuvent être reprises plus rapidement, ce qui favorise le processus de guérison. Certaines personnes expriment des doutes quant au fait qu’un retour rapide soit sûr. Ces préoccupations sont compréhensibles et sont abordées avec bienveillance lors de l’entretien personnel. Des explications concernant l’évolution sur le plan médical, les procédures, les normes de sécurité et le suivi permettent d’instaurer un sentiment de confiance et de réduire les éventuelles craintes.
D’un point de vue économique, les soins ambulatoires présentent également des avantages évidents. Grâce à une utilisation efficiente du personnel et des équipements techniques, les coûts de traitement diminuent considérablement sans que la qualité en pâtisse. Les assureurs comme les patientes et patients profitent des économies réalisées, qui contribuent en outre à pérenniser les soins de santé.
«Le transfert vers l’ambulatoire suppose une réorganisation complète des processus et des responsabilités.»
Passer de la parole aux actes
Aux Etats-Unis, les interventions ambulatoires représentent plus de 85% de l’ensemble des opérations. Certaines de ces interventions ambulatoires seraient difficilement imaginables dans notre pays. En effet, la Suisse est encore à la traîne en matière de traitements ambulatoires. Il y a plusieurs raisons à cela, notamment des incitations financières qui font pencher la balance. Comme chacun sait, les interventions hospitalières sont mieux rémunérées que les interventions ambulatoires. Avec l’introduction de nouveaux forfaits à partir du 1er janvier 2026, ce problème risque de s’aggraver. Plusieurs de ces nouveaux forfaits ambulatoires sont insuffisamment calculés, ce qui grèvera encore davantage les finances des établissements et entravera la transition structurelle, qui est véritablement en jeu.
Les traitements ambulatoires comportent des avantages importants sur le plan médical, en plus de générer des économies substantielles. Le peuple s’est prononcé en faveur du financement uniforme des soins ambulatoires et stationnaires (EFAS) lors des récentes votations. La balle est maintenant dans le camp des responsables du système de santé: il est temps de passer de la parole aux actes.