Le fédéralisme est à double tranchant

Le fédéralisme est peut-être le pilier le plus important de l’ordre étatique suisse. Il a permis à la Suisse de se développer dans de nombreux domaines et il constitue un élément phare de notre cohabitation pacifique et de notre prospérité. Cependant, dans le domaine de la santé, l’approche fédérale voulant que la responsabilité soit imputée aux cantons est à double tranchant. Certes, elle permet de prendre en considération les spécificités cantonales et de garantir des soins de proximité. Il est clair, par exemple, qu’un canton alpin couvrant une vaste superficie n’a pas les mêmes besoins qu’un canton urbain.
Redistribuer les cartes
Dans le domaine de la santé, le fédéralisme exige le recours à de nouvelles approches, y compris au-delà des frontières cantonales.

Cependant, lorsqu’il s’agit d’avoir une réflexion nationale, le fédéralisme est souvent un frein. Cela ne vaut pas seulement pour l’écosystème suisse des hôpitaux, qui présente une densité particulièrement élevée. Dans le domaine ambulatoire également, la Suisse présente une configuration de plus en plus complexe et chaotique avec 26 solutions, à commencer par les valeurs du point tarifaire, qui varient fortement d’un canton à l’autre, et l’admission des médecins, qui incombe depuis peu aux cantons. Si certains cantons interprètent ces conditions d’admission de manière très libérale, à la grande satisfaction des fournisseurs de prestations, d’autres en font une application stricte. Le résultat final a tout d’une mosaïque.
D’un côté, le fédéralisme permet d’expérimenter différentes approches. De l’autre, il fait obstacle aux avancées dans le domaine de la santé et à la mise en place de soins intégrés suprarégionaux.
Dans ce numéro de «place au dialogue», nous remontons le fil du fédéralisme dans le domaine de la santé. Nous montrons les limites des interventions cantonales, y compris les causes et les solutions, et nous donnons un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler un système de santé fédéral à l’avenir.