Les conflits d’intérêts dans l’impasse
Peut-être faudrait-il aborder le thème de la planification hospitalière et de la garantie des soins avec une ingénuité enfantine. C’est d’ailleurs cette façon de voir les choses qui m’a longtemps donné l’impression que les églises étaient les plus grandes maisons du village. Plus tard, chaque fois que de nouvelles maisons somptueuses apparaissaient, celles-ci abritaient généralement des banques. Et ces derniers temps, j’ai même eu l’impression que les plus belles et les plus grosses demeures étaient réservées aux caisses-maladie. Personne n’ignore d’où venait l’argent dont se servaient les églises, et plus tard les banques, pour enrichir le paysage de leurs somptueux bâtiments.
Le paysage hospitalier en Suisse
Pourquoi la mise en œuvre de la planification hospitalière idéale est-elle difficile? Sur quels critères la planification peut-elle s’appuyer? A quoi pourrait ressembler le paysage hospitalier suisse à l’avenir?
A l’époque de la construction des temples abritant les caisses-maladie, les abus financiers du corps médical à l’égard du système de santé étaient également sujet à discussion. Parallèlement, dans toute la Suisse, on voyait apparaître de plus en plus d’hôpitaux, bénéficiant d’un intérêt architectural restreint mais d’un emplacement de premier choix. Ces nombreux hôpitaux promettaient aux patients de meilleurs soins dispensés par les meilleurs spécialistes. Les médecins commençaient à investir les hôpitaux, tandis que les généralistes disparaissaient. La spirale des coûts, quant à elle, continuait de progresser, de sorte que les cantons – autrefois souvent constructeurs d’hôpitaux – ont commencé à resserrer la vis.
«Qui, au sein du système de santé, a le droit de faire des profits, et combien?»
Beda M. Stadler
Nous pourrions remplir plusieurs pages sur les chantiers et les problèmes dont souffre notre système de santé. En tant que responsable d’un institut de services de laboratoire, je préfère garder ma vision enfantine qui a souvent tapé sur les nerfs de la direction de l’hôpital. La pression des cantons ayant été transférée aux instituts par des mesures d’économie généralisées, j’ai demandé: comment faire des économies si les demandes viennent de l’extérieur? Faut-il que je réduise l’offre d’analyses, même si cela nuit au patient? Ou faut-il plutôt que j’élargisse cette offre et que j’augmente les profits au détriment des caisses-maladie? La direction de l’hôpital ne m’a jamais répondu. En fin de compte, c’est elle qui devait réaliser des profits.
Peut-être devrions-nous tout simplement et en toute naïveté nous demander qui, au sein du système de santé, a le droit de faire des profits, et combien.