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Partenariat tarifaire: lorsque deux partenaires se querellent

Beda M. Stadler, professeur émérite, a dirigé l’Institut d’immunologie à l’Université de Berne

23. mai 2018

Les mauvaises langues prétendent que si le communisme avait été soumis à des expérimentations animales, il n’aurait jamais été introduit. Peut-être devrait-on examiner de la sorte l’idée d’un partenariat tarifaire dans le domaine de la santé, et se demander qui mange et qui se fait manger. Cela a-t-il un sens, sur le plan biologique, de parler de partenariat entre des concurrents? En Valais, le partenariat entre l’homme et le loup ne fonctionne pas non plus parce que tous deux souhaitent faire et manger la même chose.

Les chances du partenariat tarifaire

Au Canada, où il y a encore de vrais espaces sauvages, on a abouti à des conclusions différentes. La disparition des loups y aurait comme conséquence l’implantation du gibier, qui dévorerait tout sur son passage, étant donné qu’il n’y aurait plus de loups pour chasser les élans et les cerfs. De ce fait, les castors manqueraient de bois et construiraient moins de barrages, ce qui entraînerait une augmentation des inondations. Les gens confrontés aux problèmes des inondations ont de tout temps considéré le loup comme un animal utile.

«Chacun veut optimiser le système tarifaire en sa faveur; selon la situation, il entre dans la peau d’un loup ou d’une brebis.»

Beda M. Stadler

Peut-être faut-il y voir une analogie avec les patients. Une chose est certaine: le partenariat tarifaire n’a pas permis de réduire les «inondations». Les prix augmentent en permanence dans le secteur de la santé, à l’image des crues. De nombreux patients ont maintenant de l’eau jusqu’au cou. C’est donc une question de vie ou de mort, alors que les débats entre partenaires tarifaires, malgré les dégâts manifestes causés par le gibier, donnent l’impression d’échopper plutôt sur des points de détail tels que l’amélioration de l’habitat. Lorsque deux parties se querellent au sujet des tarifs, ce n’est probablement pas le bon qui s’en réjouit – et sûrement pas le patient.

Le partenariat tarifaire actuel ne peut donc pas être comparé à un biotope parce que la répartition des rôles entre les partenaires manque de clarté. Chacun veut optimiser le système tarifaire en sa faveur; en fonction de la situation, il entre dans la peau d’un loup ou d’une brebis. Le partenariat devrait toutefois empêcher les inondations, veuillez comprendre par là profiter aux patients.

Pour en revenir à notre comparaison avec le Grand Nord canadien, les hommes ont finalement été les victimes, parce qu’ils avaient tué les loups. Nous pouvons affirmer de la même manière que les patients sont devenus des chasseurs. Ils se servent dans une contrée sauvage dont on a expliqué qu’elle était un système de santé, dans laquelle chacun a le droit de se servir autant qu’il le veut. Nous devons revenir aux caisses-maladie, donc à un système de maladie qui soit transparent et repose sur la solidarité. Au final, c’est au loup de dire qui est effectivement malade et a besoin d’aide. La santé ne sera en effet jamais abordable.

Beda M. Stadler

Beda M. Stadler, né en 1950 à Viège (VS), professeur émérite, a dirigé l’Institut d’immunologie à l’Université de Berne. Il est connu pour ses propos virulents sur les thèmes de politique sociale et de la santé.

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