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Plus facile à dire qu’à faire

Nous voulons tous en avoir pour notre argent. Que ce soit pour acheter une voiture ou réserver une chambre d’hôtel, nous consultons les tests comparatifs sur Internet, les évaluations sur Google et les feed-back des clientes et clients qui nous ont précédés.

Birgit Voigt, journaliste économique

24. octobre 2025

Aujourd’hui, les gens veulent savoir s’ils sont traités par une «bonne» ou un «bon» médecin, et l’Etat et les assureurs-maladie veulent comprendre pourquoi, dans certains hôpitaux, les infections nosocomiales sont plus fréquentes que dans d’autres. En 2021, la LAMal s’est dotée d’un nouvel article, qui prévoit de consigner et d’améliorer systématiquement la qualité des prestations médicales.

Or, à ce jour, les sociétés de médecins et les assureurs-maladie n’ont pas encore trouvé de terrain d’entente concernant cet article. La notion de «qualité» est particulièrement difficile à définir dans le contexte des traitements médicaux. Les spécialistes parlent d’un terme générique qui peut englober six à sept «dimensions», chacune comprenant diverses sous-catégories. Les différents acteurs doivent s’entendre sur des indicateurs pertinents, le corps médical doit collecter des données complexes, et l’interprétation de tout cela demeure approximative. Il apparaît difficile de mettre en œuvre un projet aussi imprécis.

«La notion de ‹qualité› est difficile à définir dans le contexte des traitements médicaux.»

Néanmoins, plusieurs initiatives sont en cours, et le corps médical y met du sien. La Société Suisse de Médecine Interne Générale a récemment publié un livre blanc sur la qualité, accompagné de guides pratiques. Certains membres du Parlement plaident déjà pour un renforcement du nouvel article de loi, en le combinant avec une mesure de réduction des coûts. Derrière cette volonté parlementaire de réglementer à tout-va, il faut voir des exigences de contrôle qui ne contribueraient en rien à l’amélioration de la qualité.

Une philosophie d’autoévaluation permanente ne peut s’imposer s’il y a résistance du corps médical. Améliorer la qualité nécessite un changement de culture. Pour y parvenir, il faut du temps et une attitude positive de la part de l’ensemble des parties prenantes. Outre les normes, les directives et les données, il faut également une bonne dose de confiance. Malheureusement, cette condition n’est pas remplie par les principaux acteurs du système de santé suisse, et ce, depuis des années. 

Birgit Voigt

est une journaliste économique chevronnée, qui a développé une connaissance fine de l’industrie pharmaceutique et du système de santé suisse. Elle a écrit pour la «NZZ am Sonntag» pendant plus de 20 ans.

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