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Susanne Gedamke et Dre Yvonne Gilli

Opinion: faut-il comparer la qualité des fournisseurs de prestations sous forme de classement public?

Susanne Gedamke, directrice de l’Organisation suisse des patients (OSP)

Dr. med. Yvonne Gilli, présidente de la FMH

24. octobre 2025

pour: Susanne Gedamke, directrice de l’Organisation suisse des patients (OSP)

Exiger davantage de transparence en matière de qualité dans le système de santé est justifié. Les patientes et patients veulent savoir où trouver les offres adaptées à leur situation de vie. Je suis d’accord avec l’introduction d’un classement public en matière de qualité. Toutefois, pour qu’un tel classement soit utile et durable, les informations qui se rapportent à la qualité doivent être présentées de manière fiable, compréhensible et réaliste.

Il s’agit avant tout de traduire le point de vue des utilisatrices et utilisateurs. Par exemple, on renoncerait aux informations sur les complications ou à la conformité aux processus pour mettre l’accent sur la communication, l’empathie, la participation aux décisions, la continuité ou la prise en compte de l’environnement. Avant de pouvoir faire des comparaisons, la première étape consiste non pas à évaluer, mais à s’entendre sur une définition de la qualité.

«Nous avons besoin d’indicateurs de qualité qui combinent preuves médicales et expérience pratique.»

En d’autres termes, nous avons besoin d’indicateurs de qualité qui combinent preuves médicales et expérience pratique. Le fait de collecter systématiquement les PROM et PREM à l’échelle du pays et de solliciter la participation des personnes concernées et de leurs proches dans le cadre de l’élaboration de systèmes de qualité est le seul moyen d’obtenir une vue globale de la qualité.

La transparence en matière de qualité est souhaitable et nécessaire à condition qu’elle soit différenciée et pertinente pour les patientes et patients. L’orientation joue un rôle important à cet égard: les patientes et patients ont besoin d’informations qui les aident à prendre des décisions éclairées dans leur situation de vie concrète. Si les données constituent un élément important, le contexte, le soutien et la confiance le sont tout autant. 

contre: Dre Yvonne Gilli, présidente de la FMH

Les patientes et patients doivent pouvoir compter sur des soins de qualité, et cette qualité doit être constamment améliorée. La question qui se pose est la suivante: comment y parvenir au mieux?

La garantie et le développement de la qualité sont des tâches importantes et complexes, qui commandent de vraies solutions. Comme l’ont montré de nombreuses études, les classements publics en matière de qualité ne figurent pas parmi ces solutions. S’il est vrai que les comparaisons publiques permettent de mieux consigner les soins, elles ne les améliorent pas réellement. Les classements en matière de qualité, qui portent sur des données abstraites, n’influencent pas non plus les décisions des patientes et patients. En revanche, les recommandations personnalisées, par exemple d’un médecin traitant ou d’un proche, sont beaucoup plus convaincantes.
En réalité, les comparaisons ne disent pas grand-chose sur la qualité. Pour être représentatif, un classement doit s’appuyer sur des environnements comparables et des prestations uniformes. La diversité des situations individuelles en matière de soins rend cette condition impossible. En conséquence, les classements peuvent publier des données non comparables et des évaluations non fondées, qu’elles soient trop bonnes ou trop mauvaises.

«En réalité, les comparaisons ne disent pas grand-chose sur la qualité.»

Des études montrent qu’ils peuvent avoir des conséquences encore plus graves, notamment pour les patientes et patients vulnérables. En effet, si la réussite d’un traitement est incertaine, les soins pourraient leur être refusés afin d’éviter un déclassement. En somme, les comparaisons en matière de qualité donnent une fausse impression d’objectivité. Elles ne tiennent pas compte des besoins des patientes et patients et peuvent même leur nuire. Heureusement, ces classements ne sont pas nécessaires, puisqu’il existe d’autres approches qui contribuent réellement à améliorer les soins. Les méthodes fondées sur des preuves, telles que le feed-back systématique entre pairs ou les cercles de qualité, favorisent les processus d’apprentissage structurés. La recherche sur les soins et les données des registres sont également essentielles.

Grâce à la convention de qualité nouvellement négociée, la FMH et prio.swiss définissent un cadre d’action ciblé, afin que toutes les sociétés spécialisées définissent à l’avenir les mesures les plus pertinentes. Les fournisseurs de prestations introduisent des mesures d’amélioration de la qualité fondées sur des preuves, qui sont également soutenues par prio.swiss. De plus, il est indiqué si les fournisseurs de prestations respectent ou non la convention de qualité. Cela permet d’orienter réellement les patientes et patients, sans provoquer d’effet secondaire. 

Susanne Gedamke

est psychologue et spécialiste en communication. Elle dirige l’Organisation suisse des patients (OSP) depuis 2020.

Dr. med. Yvonne Gilli

est spécialiste en médecine interne générale et présidente de la Fédération des médecins suisses (FMH).

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