Un moyen avantageux de lutter contre l’augmentation des coûts

Notre système de santé ressemble davantage à un système de maladie. Les médecins et les hôpitaux gagnent surtout de l’argent avec les malades qu’ils traitent. Et comme cela coûte toujours plus cher, les primes de l’assurance-maladie obligatoire augmentent chaque année.
En conséquence, de plus en plus de voix s’élèvent pour réduire les coûts dans l’assurance de base. Cependant, le thème de la prévention ou comment aider les personnes qui sont en bonne santé à le rester n’est guère abordé.
Prévention: autant d’acteurs que d’objectifs
Dans la LAMal, la prévention demeure l’exception. Les compétences et les moyens sont-ils bien répartis?

En 2020, la part consacrée à la prévention dans les dépenses de santé atteignait à peine 3,6%, et ce, en dépit des coûts supplémentaires alloués à la prévention de la pandémie. Cela correspond à trois milliards de francs. La pandémie de coronavirus a révélé de graves lacunes au sein du système. Les stocks de masques et de désinfectants prévus en cas de pandémie en Suisse se sont révélés insuffisants.
A ce constat s’ajoutent d’autres indicateurs de la nécessité de renforcer les mesures de prévention. En effet, la proportion de fumeuses et de fumeurs en Suisse est plus élevée que dans la moyenne des pays de l’OCDE et il en va de même pour la consommation d’alcool. De plus, le nombre de personnes en surpoids est en hausse. Sachant que de tels facteurs peuvent entraîner des maladies graves, il serait important de sensibiliser la population à ces questions et d’engager d’autres mesures de prévention ciblées.
«Le thème de la prévention ou comment aider les personnes qui sont en bonne santé à le rester n’est guère abordé.»
Roman Seiler
Les raisons du faible engouement pour la prévention sont aussi diverses que contradictoires. Tout d’abord, en matière de prévention, il n’existe pas de répartition claire des tâches entre la Confédération, les cantons et les organisations privées telles que les ligues de santé. De plus, en ce qui concerne l’assurance de base, les assureurs-maladie devraient également pouvoir s’occuper de prévention.
Cela dit, les interventions politiques visant à promouvoir la prévention en matière de santé sont souvent rejetées par les parlementaires bourgeois et les associations économiques. Ceux-ci s’opposent aux mesures étatiques visant à endiguer la consommation de tabac et d’alcool en arguant qu’ils ne veulent pas mettre la population sous tutelle. Ce faisant, ils protègent avant tout leurs intérêts commerciaux.
Pour que le système de santé mérite enfin son nom, il faut que l’argument de la santé supplante celui du profit. C’est pourquoi les politiques doivent investir davantage de fonds publics dans des mesures qui empêchent les gens de tomber malades. Ainsi, nous freinerons la hausse des coûts de l’assurance-maladie.