Le Managed Care pour freiner les coûts?
Dans les années 1990, un objectif essentiel de l’introduction du Managed Care (MC) en Suisse était de juguler la hausse permanente des coûts de la santé. Les soins intégrés et la réorganisation du paiement ont modifié les incitations, tant du côté de la demande que de celui de l’offre: à cause de la restriction au niveau du libre choix du médecin, les assurés ne peuvent plus consulter autant de fournisseurs de prestations qu’ils le souhaitent et doivent s’en tenir à la recommandation de leur gatekeeper. Grâce à la coresponsabilité budgétaire, les médecins ne sont plus exposés à la tentation d’augmenter leur revenu par des traitements supplémentaires.
Le détail des freins aux coûts
Des objectifs en matière de coûts: Du point de vue politique, et surtout sous l’angle des fournisseurs de prestations, c’est une proposition très explosive. Les payeurs de primes l’attendaient pourtant depuis longtemps.
Depuis l’introduction des modèles de Managed Care dans l’AOS, on sait que les assurés en assez bonne santé tendent à choisir ces modèles. Cette sélection des risques entraîne une forte distorsion au niveau des comparaisons de coûts entre les assurés MC et ceux ayant une couverture ordinaire. Les études scientifiques doivent donc neutraliser cet effet de sélection. Les études rassemblées dans le tableau et évaluées par des experts (peer review) utilisent différentes méthodes à cet égard. Pour les différentes périodes, sources de données et les divers modèles MC, les économies corrigées sont parfois considérables, tout comme l’effet de sélection (différence entre les deux dernières colonnes).
Comme elle a été réalisée pendant une longue période, l’étude citée la plus récente permet d’analyser le caractère durable des effets. Pour les personnes ayant adhéré tôt (2005) à un modèle MC tout au moins, de faibles coûts sont observables sur dix ans. De plus, on a pu montrer que les économies proviennent, en partie, du nombre moins élevé de consultations médicales. Vu que la probabilité de consulter un médecin au minimum une fois par an était la même pour les assurés MC que pour les assurés avec une couverture ordinaire, il semblerait que le gatekeeper parvienne à dissuader de recourir à des traitements médicaux supplémentaires inutiles. Malgré cette conclusion, toutes les raisons à l’origine des économies ne sont pas encore connues. Il faut donc poursuivre la recherche.
Indépendamment de cela, il est clair que la croissance constante des coûts de ces dernières années aurait été bien plus importante sans MC. Le MC fait donc indiscutablement partie des mesures efficaces pour freiner les coûts.
Sources:
- Grandchamp, Chantal, and Lucien Gardiol (2011). Does a Mandatory Telemedicine Call Prior to Visiting a Physician Reduce Costs or Simply Attract Good Risks? Health Economics, 20(10), 1257 – 1267.
- Kauer, Lukas (2017). Long-term Effects of Managed Care, Health Economics, 26(10), 1210 – 1223.
- Lehmann, Hans-Jörg, Peter Zweifel (2004). Innovation and Risk Selection in Deregulated Social Health Insurance, Journal of Health Economics, 23, 997 – 1012. Reich, Oliver, Roland Rapold, and Magdalena Flatscher-Thöni (2012). An Empirical Investigation of the Efficiency Effects of Integrated Care Models in Switzerland, International Journal of Integrated Care, 12, 1 – 12.
- Trottmann, Maria, Peter Zweifel, Konstantin Beck (2012). Supply-side and Demand-side Cost Sharing in Deregulated Social Health Insurance: Which is More Effective?, Journal of Health Economics, 31, 231 – 241.